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Le rideau tiré

(nouvelle)
 Fi

Le lendemain, Charles rejoignit sa demeure, le pas lourd et l’échine courbée
sous le poids d’une conséquente appréhension.
Lorsqu’il ouvrit la porte de la cuisine, la savoureuse odeur d’œufs frits qui
l’accueillit le laissa pantois.
- Qu’est-ce qu’on mange ?
- J’ai fait des œufs frits. Tu aimes toujours cela ? On n’en a pas mangé
  depuis longtemps !

Charles mangea du bout des dents.
- Tu sais, déclara Simone, une fois de temps en temps, ça ne peut
   pas nous faire de mal.


Le lendemain, Charles en ouvrant le placard à chaussures constata la
disparition de ses mocassins en cuir noir. Une soudaine angoisse le saisit.
Se tournant vers sa femme, il lui demanda avec appréhension :
- Où sont mes chaussures ?
- Tes mocassins ?
- Oui.
- Je les ai nettoyés, puis cirés. Ils sèchent sur le banc du jardin.
 
Charles, soulagé, ouvrit la porte, récupéra ses chaussures luisantes et
auréolées d’une rassurante odeur de cirage, les enfila et se dirigea, comme
chaque matin à la même heure, vers la boulangerie.
- Bonjour Monsieur Durant. Vous allez bien ?
- Très bien merci.
- Et Madame Durant, comment va-t-elle ?
- Euh … bien.
- Vraiment ? Vous semblez en douter …
- Non. A vrai dire, elle est … disons … facétieuse depuis
   quelques jours.

Le boulanger se mit à rire.
- Ah ! toutes les femmes le sont plus ou moins ! Allez, bonne
   journée Monsieur Durant.
- A vous de même.


Plusieurs jours s’écoulèrent dans une apparente quiétude. Simone
cuisinait, chaque jour, des mets variés et savoureux. Certes, elle avait
parfois tendance à s’énerver, à réagir un peu brutalement à des motifs
que Charles jugeait dépourvus d’intérêt.

Mais la vie avait repris son cours. Charles la goûtait avec un plaisir
chaque jour renouvelé. Simone recrachait, dans l’intimité de son antre,
ce bouillon insipide dont elle s’était sustentée depuis tant et tant d’années.





  
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