Renaissance mortelle,
dans tes relents soufrés
se trouve l'éternelle
instantanéité.
Etre et mourir ensemble
dans des affres si douces,
là où tu me ressembles,
frêle agneau, tendre pousse.
Ainsi nous sommes deux,
antinomiques toujours,
creusant dedans nos cieux
une voie sans amour.
Où que tu sois, je suis,
dans l'ombre de ce jour,
dans cet éclat terni,
griffe sur ton velours.
Je suis et ne suis pas
et ne suis rien sans toi
traçant devant nos pas
ton indicible voie.
Je t'aime et je te hais,
tu me ressembles tant,
et ton sourire m'effraie
lorsque ta main se tend.
Ma souffrance adorée,
ombre dans ma lumière,
ma douleur exaltée
par mes relents d'hier
font que, las, je te hais
et garde sur mon cœur,
dans cet étrange rai,
l'essence de ma peur.
Renaissance mortelle
aux senteurs iodées,
la mer, est-ce encore elle,
s'en vient me submerger.